13/07/11

Le Nouvelliste : ‘Haïti : entre images et mots’

Projet d’expérimentations culturelles et artistiques, « Haïti : entre images et mots » donne l’occasion à des jeunes artistes belges et haïtiens un espace pour exprimer leur vision, leur émotion à travers plusieurs médias mis en commun : photographie, sculpture, graffitis, musique et texte.


Haïti: Un jeune photographe belge, Benjamin Struelens, fatigué des clichés que la presse de son pays présente au public, a monté un projet : Haïti entre images et mots. Ce projet favorablement accueilli par le Bureau international Jeunesse (BIJ) et le manège. Mons/ Maison Folie de Mons, qui réunit des jeunes artistes francophones belges et haïtiens, propose « de présenter Haïti autrement que ce qui est présenté dans 99% des cas en Belgique », selon Struelens.

« Dans mon pays, quand on parle d’Haïti, on met encore l’accent sur la pauvreté, les makouts, la dictature, l’environnement désastreux. On vous dit, c’est fou ! tu vas là-bas, c’est dangereux », se désole le photographe, qui a amené dans ses valises trois de ses compatriotes en Haïti. Ces jeunes, Neil Elliot (slameur et musicien), Simon Danhier (guitariste, accordéoniste et chanteur), Sophie Bentin (slameuse) ont immergé dans la culture haïtienne pendant dix jours et ont pu créer en ateliers avec quatre jeunes artistes haïtiens un spectacle qu’ils ont présenté sur la scène de O’Brasileiro à Pétion-Ville.

Les quatre artistes haïtiens, Chery Abdias (Abijazz), finaliste du concours de musique Katye Pa m, le grapheur Jerry Rosembert Moïse, le slameur Eliezer Guérismé et le sculpteur jacmélien Sino Augustin), à leur tour, se rendront en Belgique en septembre prochain pour exprimer leur perception et leur vision de la Belgique.

Projet en deux phases, « Haïti : entre images et mots » vise à restituer la vision, la perception, les échanges des ambassadeurs culturels de deux pays, à travers une création artistique qui se complètera bientôt. Les quatre jeunes Haïtiens devront, pour leur part, mettre tous leurs sens en éveil lors de leur plongée dans la culture wallonne.

Ils ont appris à regarder Haïti

« On est venus avec des préjugés en Haïti et on repart avec l’amour », confie Simon Danhier, le chanteur de reggæ qui a joué de l’accordéon en compagnie des artistes haïtiens et belges sur la scène de O’Brasileiro, à Pétion-Ville, le samedi 9 juillet.

Haïti était un vrai choc de culture pour Simon et ses compatriotes. L’émotion qui s’est retranscrite sur la scène parle avec des mots, de la musique et des graffitis : le brouhaha des marchands sur les trottoirs, les tap-tap, les autobus bariolés, le concert strident des klaxons, la présence de l’ONU dans le paysage, les ONG qui se bousculent aux portes de ce pays devenu un marché juteux pour elles, le soleil, la mer, les montagnes…un vrai kaléidoscope d’images tropicales auxquelles les artistes occidentaux ne s’attendaient pas.

Au fur et à mesure qu’ils découvraient les villes, Pétion-Ville, Port-au-Prince et Jacmel, ils ont appris à regarder Haïti à travers les yeux de son peuple. « J’ai eu une vibration positive en Haïti. Dès que je rentrerai chez moi, ce sera un second choc des cultures », avoue Simon.

La slameuse Sophie Bentin a confié qu’elle a traversé la ville le jour comme la nuit et qu’elle « laisse Haïti avec le sentiment d’y revenir. »

Un si beau projet d’expérimentations culturelle et artistique, pour le président de l’association culturelle Tamise,Gahri Lubin, ne peut être que le fruit d’un amoureux d’Haïti. Benjamin Struelens, définitivement a un ancrage culturel en Haïti, pays dont il partage la langue du peuple ; et de plus, il a des liens affectifs avec Haïti, le Belge étant marié à une Haïtienne.

Claude Bernard Sérant

Photos: Claude Bernard Sérant

Le Nouvelliste – 11 Juillet 2011

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